Entretien avec Benoît Paire

Avignonnais mais Bordelais d’adoption après avoir rejoint Primrose au cours de
l’année dernière, il est aussi le seul joueur issu des qualifications à avoir
franchi le premier tour avec la victoire la plus rapide du jour (6/3, 6/3 en 43
minutes) si ce n’est celle de Jan Hernych aidé par la blessure de l’Allemand
Zverev, poussé à l’abandon.

Bel anniversaire, cette victoire contre l’Espagnol Checa-Calvo ?

J’ai eu 21 ans samedi mais c’est la fête tous les jours ! D’abord, jouer dans un
grand tableau, ensuite passer un tour, tout cela en jouant bien. Que du bonheur…


De l’éclat en somme ?

Dans le jeu mais pas dans l’esprit. Il n’y a rien qui me dérange plus qu’on me rappelle quelques humeurs, fréquentes à une époque, mais désormais mieux contrôlées.

Primrose est un cap franchi ?

C’est un enchaînement heureux  avec une réussite maximale dans mon nouveau club grâce à la main tendue par « JB » (Jean-Baptiste Perlant, ndlr), alors que l’andernier à cette époque, j’étais un peu  désemparé.


Sans club ?

Je me suis fait jeter du centre de haut niveau à Roland Garros pour mauvaise humeur ! Comme j’aime bien la terre battue et que Primrose m’a ouvert ses portes.


Un Français qui aime la terre battue (...)

Je vis à Avignon où mon père, prof’, m’a mis sur le court à 5 ans. Ensuite il y
a eu le football, avec une passion immodérée pour l’OM et puis à 14-15 ans, je
n’arrivais pas à me décider. Tennis ou foot. C’est alors qu’un ami de la famille
travaillant dans l’immobilier a fait du mécénat. Il m’a offert les clés d’un jeu
sérieux, je suis allé à Sophia Antipolis. Tout cela avec un accompagnement du
jeu sur terre. En outre, j’aime la terre battue où il me semble qu’il est
davantage possible de s’exprimer… Mieux que sur d’autres surfaces. Enfin, il y a
eu ma rencontre avec Lionel Zimbler qui s’occupait de Mahut, Santoro et Saulnier
au Lagardère Paris Racing, et est revenu s’installer dans le sud.


Avec des résultats convaincants ?

Trois victoires en Futures, un en Floride en janvier, deux au Portugal (21 marset 27 mai).


Pas suffisant toutefois pour entrer directement dans le BNP Paribas Primrose
Bordeaux ?

J’avais bien sûr demandé une wild card, mais très clairement et très justement,
Jean-Baptiste (Perlant) m’a dit vouloir les donner à Romain (Jouan) et Laurent
(Rochette) plus anciens que moi au club. J’étais alors à San Remo (défaite
contre Aldi, au tie break, au premier tour) et je me suis inscrit dans le
tournoi de qualifications. Ce ne fut pas très simple contre des copains (Puget
et Mathieu) que je connais bien. Il y avait un peu de pluie, un peu de vent, une
balle de match contre moi et puis tout s’est bien mis en place. Moche, mais ma
victoire contre Mathieu qui venait de réussir deux « perfs » m’a fait le plus
grand bien !


Et ce premier tour ?

Jouer un Espagnol sur terre n’est jamais facile et je me méfiais car j’avais
remarqué son jeu de service et son coup droit. Mais à l’échauffement contre
Josselin Ouanna, je me suis senti bien. Très bien. Tout passait, où je voulais,
comme je le voulais.


Un joueur type ?

Marat Safin ! Quasiment une idole. Le jeu, le tempérament, le souci du
perfectionnisme. Sans doute une corrélation entre ces deux composantes.


Le meilleur match que vous ayez fait ?

L’an passé à Roland-Garros ! C’était au deuxième tour des qualifications de
Roland, sur le court n° 7, près du centre national. On empêchait les gens
d’accéder tant il y avait de monde. Après avoir sauvé deux balles de match, j’ai
battu le Russe Elgin 7/5 au troisième set.


Un match à venir ?

Nadal ! A force de le voir et d’entendre dire qu’ « il est prenable », mais que
personne n’y arrive, j’aurais envie d’essayer. Pour voir « à quoi cela ressemble ». J’ai mon idée, comme d’autres. Sans peur du risque !